Hommes 10m: Plongeon Canada regarde vers l’avenir
Avec la récente retraite du double olympien en plongeon Vincent Riendeau, Plongeon Canada se tourne maintenant vers ses recrues des Jeux olympiques de Tokyo 2020, Nathan Zsombor-Murray de Pointe-Claire, QC et Rylan Wiens de Pike Lake, SK, pour mener l’équipe à l’épreuve de la plateforme en vue des Jeux olympiques de 2024 à Paris.
Leurs performances respectives aux Championnats nationaux d’hiver de plongeon 2022 à Saskatoon, en Saskatchewan, ont démontré que le Canada a un brillant avenir au 10m masculin. Wiens a battu un record vieux de 15 ans lorsqu’il a remporté l’épreuve avec un score de 545,95 pts, fracassant l’ancien record de 535,50 pts établis par Alexandre Despatie en 2007. Pendant ce temps, Zsombor-Murray a affiché un score de 511,20 pts pour remporter la médaille d’argent.
À 18 ans, Zsombor-Murray est familier avec les compétitions d’envergures, ayant fait ses débuts internationaux à l’âge de 14 ans aux Championnats du monde 2017 où il a concouru à l’épreuve synchro mixte avec Meaghan Benfeito. Il a ensuite commencé à concourir au 10m synchro avec Riendeau en 2019, remportant une médaille d’argent aux Jeux panaméricains de 2019 à Lima, ainsi que des médailles de bronze en 2020 et 2021 dans des compétitions de la FINA à Montréal et à Tokyo.
Lors de ses débuts olympiques à Tokyo, il a raté de peu la qualification pour la finale de la plateforme par 2,55 points, puis a terminé cinquième au 10m synchro avec Riendeau – lui donnant le désir d’obtenir de meilleurs résultats en 2024.
« Je pense que maintenant que j’ai participé aux Jeux, je sans davantage dans quoi je m’embarque et c’est de là que vient ma motivation. Je vais essayer d’utiliser cette expérience pour faire mieux aux prochains Jeux olympiques », a déclaré Zsombor-Murray.
Wiens, âgé de 20 ans, a connu une année mémorable en 2021, lorsqu’une performance exceptionnelle à la Coupe du monde de la FINA à Tokyo lui a valu une médaille de bronze au 10m, valant également au Canada une deuxième place de quota olympique à la plateforme masculine. Wiens a ensuite réclamer cette place sur l’équipe olympique en terminant deuxième aux essais olympiques. Aux Jeux de Tokyo, il a raté de peu la qualification pour la demi-finale, terminant à la 19e place du classement général, mais dit que l’expérience lui a beaucoup appris.
« L’expérience elle-même était assez incroyable. Pouvoir y aller, et y aller avec Nathan, l’un de mes meilleurs amis de l’équipe, puis vivre tout cela ensemble, c’était vraiment cool. Mais je suppose que le plus gros point à retenir est que nous méritions notre place aux Jeux. Et même si je n’ai pas fait de mon mieux là-bas, c’était un très bon échauffement pour Paris. »
Zsombor-Murray a également beaucoup appris de sa première expérience aux Jeux : « Ce que je retiens le plus, c’est que c’est important de trouver son rythme, parce qu’on ne veut pas tout donner dans les préliminaires et ensuite ne plus avoir rien à donner en demi-finale et en finale. Il faut aussi essayer de garder son excitation au minimum et ne pas dépenser trop d’énergie, car c’est une longue compétition. »
Avec la retraite de Vincent Riendeau, le Canada aura besoin d’une nouvelle paire pour l’épreuve du 10m synchro, et avec Wiens et Zsombor-Murray terminant respectivement premier et deuxième aux récents championnats nationaux, ils semblent les plus susceptibles d’être jumelés pour cette épreuve à l’international.
Bien qu’ils n’aient jamais concouru ensemble en synchro, ils ont été presque obligés de faire leurs débuts internationaux en synchro aux Jeux olympiques de Tokyo.
« Vincent s’est blessé deux jours avant la compétition synchronisée. Je me sentais mal pour lui – il a été un si bon modèle pour nous deux au cours des quatre dernières années en particulier. Mais, nous nous démenions parce que nous avions besoin d’une équipe prête à faire le synchro et donc, Nathan et moi avons dû préparer une liste de synchro parce que quelqu’un devait bien être prêt à concourir le lendemain! »
Heureusement, Riendeau a pu concourir, mais Wiens se rappelle tout de même comme une expérience excitante : « C’était assez fou, ça fait partie des montagnes russes des Jeux olympiques. C’était cool, mais aussi un peu stressant. Au bout du compte, je n’ai pas concouru en synchro, mais c’était une expérience excitante d’être là-bas et de faire toute une liste synchronisée et de le faire plutôt bien avec Nathan. »
S’ils finissent par concourir ensemble, Zsombor-Murray dit que ce sera une dynamique légèrement différente de celle qu’il a partagée avec Riendeau, principalement parce que lui et Wiens sont plus proches en âge : « Vincent avait six ans de plus que moi et Rylan a 20 ans. Vincent et moi avions définitivement beaucoup de plaisir à cette épreuve, mais je pense que le fait d’être plus proche en âge change tout de même cette dynamique. Il y a moins cette relation de mentor et mentoré. »
Pour Wiens, il sait que Zsombor-Murray et lui vont très bien s’entendre, car ils sont déjà de bons amis, mais aussi de solides concurrents : « Je pense que le fait que nous soyons des concurrents et que nous nous affrontions en individuel amènerait une compétition constante au sein de l’équipe synchro afin de faire les meilleurs plongeons et aller chercher des médailles. L’épreuve synchro c’est aussi un peu comme une compétition en tête-à-tête à chaque fois et honnêtement, je suis là pour m’amuser. »
Ce sera une année occupée pour les deux athlètes, avec les Championnats nationaux d’été à Victoria (27 au 29 mai), suivis du Grand Prix de la FINA à Calgary, AB (9 juin- 12), des Championnats du monde FINA à Budapest, HUN (du 26 juin au 3 juillet), puis les Jeux du Commonwealth de 2022 à Birmingham, GBR (du 4 août au 7).
Malgré cet horaire chargé, le directeur technique de Plongeon Canada, Mitch Geller, cite l’entraînement comme étant plus une priorité que la compétition cette année alors que le temps presse vers Paris.
« Ce qui est le plus important pour nous cette année, c’est d’établir une base sur laquelle nous pouvons travailler alors que nous commençons à avancer vers Paris. Donc, cette année, l’entraînement est prioritaire sur la compétition », explique Geller. « Nous savons que nous avons besoin de plus de force et de puissance de la part de nos jeunes plongeurs qui prennent le relais, certainement dans la plateforme masculine, et nous devons donc leur donner le temps de le faire sans la pression de performer à leur meilleur en compétition. »
Zsombor-Murray est d’accord avec ce sentiment : « Certainement, la force et la puissance sont toujours utiles, tout en étant techniquement solide et constant. Mon entraîneur a commencé à augmenter mon volume, à faire plus de plongeons du 10 mètres, avec plus de répétitions, et à développer ce genre de force d’endurance. Le plongeon est un sport de répétition. On ne peut pas vraiment être bon à faire un plongeon dès le départ. On doit le travailler, encore et encore, pour créer de la constance. C’est donc le plan en ce moment – développer la constance et évidemment essayer de garder la même technique. »
Les deux athlètes ont commencé à plonger à un jeune âge, alors qu’est-ce qui les maintient engagés dans le sport et désireux de s’améliorer jour après jour ? Pour Wiens, il l’attribut au désir de faire de nouveaux plongeons et les perfectionner, ainsi qu’à son besoin d’adrénaline : « Personnellement, j’aime l’adrénaline qui vient avec le 10m. Je suis un accro à l’adrénaline – autant à la piscine qu’à l’extérieur de celle-ci et quand je me tiens sur la plateforme pour faire le premier quatre et demi, je peux sentir mon cœur battre et je me dis : oh, c’est amusant ! »
Pour Zsombor-Murray, c’est la récompense d’un travail bien accompli et la passion pour ce qu’il fait qui le fait revenir : « Je le fais parce que j’aime ça. Ça me maintient en forme et ça me maintient en bonne santé. Mais je dirais que la récompense qui vient avec des années d’entraînement, quand tu te rends à une grande compétition pour laquelle tu as travaillé d’arrache-pied, puis que tu plonges de ton mieux et que tu es récompensé… il n’y a pas d’autre sentiment comme ça sur terre. Donc je suppose que c’est cette poursuite qui me fait revenir à l’entraînement. Je veux retrouver cette sensation. Tu sais? Et si je ne travaille pas pour ça, ça n’arrivera pas. »
Le Canada aura la chance de voir si Zsombor-Murray et Wiens ont ce qu’il faut pour remporter une médaille sur la scène internationale cette année, en commençant par la Futures Cup (14-15 mai) à Plymouth, GBR. Ils auront aussi une chaude opposition de la part des jeunes talents émergents tels que Benjamin Tessier, médaillé de bronze aux Championnats nationaux senior d’hiver, ainsi que Matt Cullen, médaillé d’or aux Championnats panaméricains junior de 2021.
Si tout se passe bien, le Canada sera une force avec laquelle il faudra composer à l’épreuve du 10m individuel et synchro aux Jeux olympiques de Paris à l’été 2024.